« L'EPS contribue-t-elle à donner un sens à l'école,
face aux défis éducatifs et sociétaux anciens et nouveaux ? »
Samedi 6 décembre 2025 • 9h00-12h00
UFR STAPS de Nancy, Campus de Villers-lès-Nancy
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Pédagogue et essayiste français de premier plan, spécialiste des sciences de l'éducation et de la pédagogie, professeur émérite à l'Université Lumière-Lyon 2. Auteur de nombreux ouvrages ayant contribué à repenser les pratiques éducatives en France, il a notamment été qualifié par le journal Libération de « pédagogue le plus écouté de nos gouvernants ». Son travail interroge depuis des décennies le sens de l'école et les manières de motiver les élèves en construisant des apprentissages plus personnalisés et signifiants.
Haut fonctionnaire de l'Éducation nationale, Inspecteur général du groupe Éducation Physique et Sportive (EPS) au ministère. Agrégé d'EPS et titulaire d'un master en histoire de l'éducation, il a été auparavant chef d'établissement et conseiller académique auprès du Ministère. André Canvel est reconnu pour son expertise du climat scolaire et de la réussite éducative : il souligne l'importance du bien-être à l'école et du rôle central de la pédagogie dans l'amélioration des relations au sein des établissements scolaires.
Le thème choisi ; « L'EPS contribue-t-elle à donner un sens à l'école, face aux défis éducatifs et sociétaux anciens et nouveaux ? » ; reflète une préoccupation vive du monde éducatif : redonner du sens à l'école à l'heure où de nombreux élèves peinent à percevoir la finalité de leurs apprentissages.
L'éducation physique et sportive, discipline du mouvement et du corporel, peut-elle y contribuer de façon décisive ? Historiquement, l'école a toujours eu pour mission centrale de "faire société", c'est-à-dire de former de futurs citoyens et de créer du lien social au-delà de la transmission des savoirs.
Or, aujourd'hui, l'école affronte des défis de toujours :
Mais aussi des enjeux inédits du XXIᵉ siècle :
Dans ce contexte complexe, de nombreux pédagogues soulignent que la quête de sens est cruciale : « L'École ne construira du sens que si elle est capable de permettre aux élèves d'inscrire les "savoirs scolaires" dans leur processus de subjectivation », c'est-à-dire si les élèves peuvent s'approprier les connaissances et les relier à leur construction personnelle et à leur vécu.
Une réflexion en quatre dimensions par Mikaël FOURNY
L'approche humaniste envisage l'éducation comme la formation globale de la personne ; corps, cœur et esprit. Dans cette perspective, l'EPS n'est pas seulement un entraînement physique, elle est un moyen d'éduquer l'humain par le mouvement, d'enseigner des valeurs et de favoriser l'épanouissement.
En invitant l'élève à se découvrir à travers ses capacités motrices, ses performances mais aussi ses limites, l'EPS contribue à la construction de la connaissance de soi et de la confiance en soi. Les pédagogies humanistes, dans la lignée de l'Éducation nouvelle, insistent sur l'idée qu'apprendre implique tout l'être – l'intelligence cognitive autant que l'intelligence corporelle et émotionnelle.
L'EPS développe ainsi :
Ces acquis ne sont pas seulement sportifs : ce sont des leçons de vie qui donnent du sens à l'école en la connectant à ce qui fait de l'élève un être humain complet, capable de juger, d'agir et de s'épanouir avec les autres.
La révolution numérique et les transformations technologiques constituent le deuxième prisme d'analyse. L'EPS se situe à un carrefour stratégique face aux enjeux technologiques actuels.
Les défis :
À rebours de cette tendance, la pratique physique régulière – que l'EPS promeut dès le plus jeune âge – permet de contrebalancer les effets néfastes du temps passé assis et inactif.
L'EPS peut aussi tirer parti des technologies :
Intégrer ces technologies de façon raisonnée peut renforcer l'engagement des élèves "digital natives" tout en conservant le cœur de la discipline : l'action motrice réelle.
La troisième dimension insiste sur le lien ; lien entre les individus, lien entre l'élève et l'école, lien entre les savoirs. L'EPS se prête particulièrement à la socialisation et à la coopération.
Sur le terrain de sport, les élèves apprennent à :
Un élève en difficulté scolaire peut trouver en EPS une occasion de briller autrement, de retrouver une estime de soi et le regard positif de ses camarades, ce qui transformera son rapport à l'école dans son ensemble.
La quatrième dimension invite à réfléchir à l'espace physique de l'éducation et à l'ancrage de l'école dans le réel. L'EPS, de par sa nature, ouvre l'école sur d'autres espaces.
L'EPS brise les murs de la classe :
Un élève qui court en cross dans le parc, qui découvre l'escalade ou l'orientation en forêt, vit une expérience éducative ancrée dans un lieu réel, avec ses contraintes et ses enjeux.
L'EPS aborde des problématiques actuelles :
En confrontant l'élève à des situations réelles et à des questions pratiques, l'EPS fait le lien entre l'école et la vie quotidienne.
À travers ces quatre approches ; humaniste, technologique, du lien social et du réel ; se dessine le potentiel de l'EPS comme levier de sens pour l'école du XXIᵉ siècle.
Bien sûr, l'EPS ne saurait, à elle seule, résoudre toutes les crises de sens que traverse l'institution scolaire. Mais elle apporte des réponses originales et complémentaires :
« Interroger le rôle de l'EPS dans le sens de l'école, c'est poser une question plus large : quelle école voulons-nous pour demain ? Une école cloisonnée, centrée sur la seule réussite académique ? Ou une école ouverte, qui fait dialoguer savoirs intellectuels et éducation du corps, réussite individuelle et solidarité collective ? »
Les réflexions de cette table ronde invitent à pencher pour la seconde option. L'EPS, loin d'être périphérique, apparaît alors comme un pivot d'une école ayant du sens, c'est-à-dire une école qui forme des jeunes instruits, mais aussi responsables, en bonne santé, citoyens et épanouis.
C'est en ce sens ; dans tous les sens du terme ; que l'éducation physique et sportive peut contribuer pleinement à redonner du sens à l'École.